Depuis la révolution iranienne, jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001, puis ceux du 7 juillet 2005, avec tout le cortège d’actes terroristes qui s’en est suivi, perpétrés à l’échelle mondiale par des militants se réclamant de l’Islām, on a soulevé des questions et même dressé des réquisitoires concernant le rapport de l’Islām avec l’extrémisme religieux, la violence, les attentats suicide et le terrorisme. Une question revient très fréquemment sur le devant de la scène, que l’on peut formuler ainsi : Comment se fait-il que davantage de musulmans, et surtout de leaders religieux du monde musulman, n’aient pas pris la parole pour condamner énergiquement les attentats du 11 septembre et les actes de terrorisme qui ont suivi ? La réponse qu’apporte ce livre est catégorique : des musulmans l’ont fait.

L’homme du peuple vous le dira avec son bon sens naturel : « Un musulman ne peut commettre de tels crimes. Terroriser les autres, les faire vivre sous la menace, c’est une injustice que la religion ne peut pas tolérer, légitimer. Quant à la personne instruite, elle vous rappellera sûrement le verset du Coran : « Celui qui a tué un homme qui lui-même n’a pas tué, ou qui n’a pas commis de violence sur la terre, est considéré comme s’il avait tué tous les hommes » (S/5, V/32), et vous expliquera à bon droit que les textes de l’Islâm rendent sacrés le sang et les biens de tout homme qui aspire à la paix et renonce à la violence. Ce sentiment inné et ces preuves devaient être suffisants pour refouler et dénoncer la violence illégitime et la peur collective engendrées par le terrorisme.

Seulement, aujourd’hui la situation a changé, elle s’est considérablement aggravée, et le bon sens et le poids des textes ne suffisent plus à endiguer le flot de haine qui se déverse désormais sur le monde. Car les promoteurs de la violence s’engagent maintenant à soutenir leurs opinions et à régler leur différend idéologique par la voie des armes. Par ailleurs, cette hérésie, de plus en plus envahissante, risque de mener à un véritable empoisonnement de la mentalité publique. Il était donc absolument nécessaire d’y faire face autrement que si elle n’était qu’un égarement de quelques individus isolés et sans influence.

A ce titre, le livre du Dr. Muhammad Tahir-ul-Qadri sur le terrorisme et les attentats-suicides est une étude rigoureuse, lucide et claire de la question. Il constitue un réquisitoire en règle contre le sectarisme religieux en Islām et contre ses conséquences funestes, notamment au niveau politique et communautaire. Le sectarisme y est expliqué en détail, analysé dans ses origines, dans ses structures et dans ses implications, afin de mieux le comprendre, et, cas échéant, mieux le combattre. Le verdict est sans appel, et c’est là le résultat de cette étude, et ce pourquoi elle est qualifiée, à juste titre, de « fatwa » : il est du devoir des autorités musulmanes légitimes de combattre le terrorisme par tous les moyens légaux dont elles disposent, y compris par l’emploi des armes.